Il nous reste si peu de temps by Dominique Marny

Il nous reste si peu de temps by Dominique Marny

Auteur:Dominique Marny [Marny, Dominique]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782258086210
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Rose n’avait pas revu Hélène depuis leur retour à Paris. En la découvrant le 31 décembre chez sa belle-mère, elle la trouva changée. Son corps sanglé dans un tailleur de satin vert jade, ses cheveux trop ondulés et retenus par des peignes en strass, un renard jeté sur les épaules lui donnaient une allure plus ordinaire.

— Je vous abandonne à votre souper, leur dit-elle avant de s’éclipser.

En resserrant les pans de son manteau, Hélène se hâta vers la station de métro. Beaucoup de gens avaient quitté leur domicile pour accueillir chez des amis la nouvelle année. Pour monter dans le wagon, il lui fallut jouer des coudes. Jusqu’à la station Etoile, elle tenta de maîtriser son dégoût pour la promiscuité. L’air suintait la transpiration, le parfum bon marché et les relents de mauvaise friture. Pestant contre un conflit qui l’empêchait de mener une existence normale, elle retrouva l’air libre devant l’Arc de triomphe. Après un coup d’œil vers les Champs-Elysées dont les réverbères étaient recouverts de peinture bleue, elle se dirigea vers l’avenue de Wagram qu’elle descendit jusqu’à son croisement avec l’avenue des Ternes. Quelques minutes plus tard, elle sonnait à la porte de Régis.

Quittant ses invités, il vint à sa rencontre.

— Quel plaisir de vous voir ! Entrez…

Au salon, les lustres brillaient de tout leur éclat et un feu flambait dans la cheminée. A son arrivée, des têtes se tournèrent : hommes aux cheveux gominés, femmes arborant des vêtements et des bijoux coûteux. Après avoir entendu des noms qu’elle ne mémorisa pas et serré des mains, Hélène trouva refuge dans un sofa où lui fut apportée une flûte de champagne. A quelques pas, Régis riait avec un couple entre deux âges. Au lieu de l’avantager, le port du smoking accentuait son début d’embonpoint. Fidèle à son habitude, il parlait trop fort ! Avant d’accepter son invitation, elle avait hésité. Tout d’abord, elle n’avait pas envie de le rencontrer en compagnie de sa dernière conquête. Ensuite, elle lui en voulait de son trop long silence. Les jours s’écoulant sans que rien les égayât, elle finit par se persuader qu’il ne fallait pas se priver de distractions. Alors que la sonnette continuait de retentir et que se présentaient de nouvelles personnes, elle se demanda comment leur hôte parvenait à conserver un train de vie de cette importance. La réponse lui fut donnée avec l’entrée d’officiers allemands. Ils étaient quatre : deux hommes d’une cinquantaine d’années, les deux autres plus jeunes. Sans la moindre gêne, Régis usa à leur égard d’un ton familier. Bientôt, ils se trouvèrent devant Hélène, qui fut obligée de les saluer. C’était la première fois qu’elle avait un contact direct avec l’occupant.

— Mademoiselle Surtel habite une propriété voisine de la mienne. En Touraine, précisa Régis.

— La Touraine ! Quelle belle région. Autrefois, j’ai visité un château… Bâti sur l’eau. J’ai oublié son nom, leur avoua le plus gradé des militaires.

— Chenonceaux, annonça Régis.

— Non.

— Alors, il s’agissait d’Azay-le-Rideau, rectifia Hélène.

— Azay-le-Rideau ! Vous avez trouvé, mademoiselle !

L’Allemand en profita pour s’asseoir à côté d’Hélène.



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